1993: Entretien avec Guillaume Nicolas
Guillaume Nicolas est journaliste. Il écrit sur les séries pour Cinemateaser. Depuis octobre 2022, il produit et anime le podcast C’est le Moment qui revient sur « les séquences ou épisodes de séries […] qui se sont imprimés dans nos souvenirs ».
Ce texte est issu de l’entretien qu’il a accordé à Ioanis Deroide en mars 2023.
I. Deroide : Dans l’histoire des séries américaines, que retient-on de 1993 ?
G. Nicolas : A mon avis, d’abord trois très grandes séries qui débutent cette année-là : NYPD Blue, Homicide: Life on The Street et The X-Files.
I. Deroide : Trois séries policières donc. On ne classe pas X-Files prioritairement dans cette catégorie mais il y a tout de même des victimes, des enquêtes, les héros sont des agents du FBI, etc.
G. Nicolas : C’est à cela qu’on voit qu’X-Files est une vraie série de network, pensée pour rassembler un large public. C’est une série fantastique mais qui ne bascule pas complètement dans l’imaginaire, dans la SF, à la différence de Fringe (Fox, 2008-2013) par exemple. D’abord, il y a le doute, le côté rationnel représenté par Scully, et puis même si ce n’est pas une série procédurale, il y a ces loners, avec leur « monstre de la semaine » et effectivement une enquête policière. Ce sont les épisodes qui peuvent être revus isolément et qui suivent une formule stable.
I. Deroide : On dit souvent que ces épisodes ont mieux vieilli que les épisodes mythologiques qui à l’époque étaient ceux qui suscitaient le plus de commentaires, notamment en ligne.
G. Nicolas : Ils ont mieux vieilli aussi parce qu’on a pu et on peut encore les revoir plus facilement. Revoir Ice (S01E08), c’est plus facile que de reprendre toute la mythologie.
I. Deroide : Et parfois, ces épisodes isolés sont aussi très réussis formellement.
G. Nicolas : X-Files est une série qui a une identité totale : visuelle, musicale, thématique… Elle a une vraie cinématographie, des plans signatures, une esthétique reconnaissable entre mille, qui d’ailleurs est aussi le produit de contraintes : par exemple, c’est le manque d’espace dans les studios qui incite à plonger le plateau dans la pénombre, balayée par les faisceaux de lumière des lampes torches que tiennent Mulder et Scully.
I. Deroide : Les deux autres grandes séries américaines que tu retiens de 1993 ont aussi une forte identité formelle.
G. Nicolas : Homicide, c’est une caméra portée et des jump-cuts, des faux-raccords qui donnent l’impression qu’on refait des prises.
I. Deroide : Sans pour autant donner dans le mockumentary façon The Office (NBC, 2005-2013). Il y a aussi des couleurs désaturées et le grain de l’image dû à l’emploi du 16 mm.
G. Nicolas : Et une caméra très proche des personnages, ce qui est un point commun avec NYPD Blue alors que les deux séries sont très différentes. Dans NYPD Blue, la caméra n’est pas portée à l’épaule mais elle bouge beaucoup, surtout dans les plans d’exposition très dynamiques, avec des zooms et des panoramiques, rehaussés par la musique de Mike Post. Tout cela est annoncé dès le générique d’ailleurs.
I. Deroide : Du fait de toutes ces innovations, auxquelles on pourrait ajouter celles qui concernent les personnages (avec des duos mémorables: Mulder-Scully, Pembleton-Bayliss dans Homicide, Sipowicz-Simone dans NYPD Blue), peut-on parler d’une révolution des séries en 1993 ?
G. Nicolas : Je ne crois pas. Autant on peut parler de révolution pour les séries de HBO dans les années 2000, autant pour ces grandes séries de network je préfère parler d’héritage et de descendance. NYPD Blue et Homicide sont toutes les deux très redevables à Hill Street Blues (NBC, 1981-1987) et toutes les deux ont ouvert la voie à The Wire (HBO, 2002-2008). C’est Homicide qui a permis à David Simon de mettre un pied dans le monde des séries télé puisque la série est adaptée de son livre.
I. Deroide : Il s’est impliqué dans la production, a écrit des scénarios, à commencer par celui de « Bop Gun », écrit avec David Mills. C’est le premier épisode de la saison 2, avec Robin Williams en guest star.
G. Nicolas : Et c’est cette expérience dans Homicide qui lui a permis de produire ensuite The Corner, puis The Wire, etc. Quant à NYPD Blue, le personnage Andy Sipowicz, s’y impose à partir de la saison 2 comme le héros principal. Or c’est un flic raciste, sexiste, alcoolique (repenti), parfois violent. Il annonce tous les « hommes tourmentés » et autres « nouveaux méchants » des années 2000-2010.
I. Deroide : X-Files aussi a eu une postérité importante.
G. Nicolas : Oui, sans même parler de son spin-off (The Lone Gunmen) et dans une autre mesure de Millennium (également créée par Chris Carter), X-Files a influencé des séries fantastiques, de SF, des séries paranoïaques voire conspirationnistes. Par exemple Dark Skies (NBC, 1996-1997), qui revisite l’histoire des États-Unis au XXe siècle en imaginant que ceux-ci sont depuis longtemps aux prises avec une invasion extraterrestre. Ou bien Nowhere Man / L’Homme de nulle part (UPN, 1995-1996), une série formidable qui commence quand le héros voit son identité, toute son existence s’effacer sous ses yeux : il n’a plus d’existence légale, plus personne ne le reconnaît, etc. Une série en avance sur son temps, annulée au bout d’une saison faute d’audience mais qui pourrait avoir été créée hier. Et puis Fringe bien sûr, dont j’ai déjà parlé.
I. Deroide : Et aussi The Pretender / Le Caméléon (NBC, 1996-2000) avec son mystérieux Centre et son héros aux facultés surhumaines. Si on s’en tient là, on a bien compris que ces grandes séries de 1993 étaient innovantes. Mais cette nouveauté n’est pas forcément aussi spectaculaire que celle de séries plus récentes.
G. Nicolas : C’est parce que ce sont des séries qui prennent leur temps, qui traitent leur sujet sur la longueur, qui n’hésitent pas à se répéter. La répétition fait partie du rituel télévisuel des networks. Homicide a un rythme de network et cela n’empêche pas des arcs narratifs très intenses comme celui de l’affaire Adena Watson dans la première saison qui culmine dans l’épisode « Three Men and Adena ».
I. Deroide : Cette relative lenteur, ce goût de la formule, c’est quelque chose qu’on a perdu avec l’érosion du modèle des networks ?
G. Nicolas : En partie, oui. Les séries de network existent encore. Pas seulement aux États-Unis, d’ailleurs : chez nous, HPI est une pure série de network, si ce n’est que les saisons sont beaucoup plus courtes parce qu’on n’a pas les moyens de produire 18 ou 22 épisodes par an. Et outre-Atlantique, NCIS en est à sa 20e saison et il faut savoir que c’est le spin-off d’une autre série, JAG, qui elle-même remonte à 1995 et a duré dix saisons ! Mais d’une part ces séries de network font moins d’audience qu’avant (comme toutes les séries d’ailleurs puisque l’audience aujourd’hui est beaucoup plus fragmentée) et leur public est vieillissant, et d’autre part elles produisent moins d’engagement que certaines séries de HBO ou de Netflix. C’est aussi là qu’on voit la différence avec 1993. En 1993-1994, les séries de network créent l’événement : les séries dont on vient de parler puis ER / Urgences, Friends… Et dans ces années-là, tout le monde parle de Seinfeld, de la fin de Cheers. Même Homicide qui n’a jamais été un grand succès public avait un excellent « buzz » : c’était une série vitrine pour NBC, que tous les critiques adoraient. Dix ans plus tard, en 2004, les networks vont à nouveau réussir une très belle rentrée, avec de nouvelles séries qui font d’excellentes audiences et attirent l’attention : Lost, Desperate Housewives, House…
I. Deroide : Même si cette année-là, les séries du câble sont plus présentes que dix ans plus tôt : fin de Sex and The City et début de Deadwood sur HBO, début de The L Word sur Showtime et de Battlestar Galactica sur Sci Fi. Sans parler de la télé-réalité : 2004, c’est aussi l’année du lancement de The Apprentice ou Extreme Makeover : Home Edition.
G. Nicolas : En tout cas, depuis 2004, on ne trouve pas d’autre année où les networks auraient occupé le devant de la scène avec leurs nouvelles séries. On est passé à un autre modèle, avec des saisons mises en ligne d’un coup par les plateformes.
I. Deroide : On a évolué d’un modèle de séries de flux à un modèle de séries de stock.
G. Nicolas : Absolument. Le problème, c’est que le mode de production en flux tendu permet d’avoir une réactivité sur l’actualité : on le voit bien dans les séries de Dick Wolf, de David E. Kelley dans les années 1990 et plus récemment dans celles de Michelle et Robert King (The Good Wife, The Good Fight), qui sont des héritiers de cette période avec leur esthétique classique mais très élégante. C’est vrai que ces séries demandent de la patience et une plus grande implication des spectateurs mais c’est dommage qu’elles soient aujourd’hui « sous le radar » alors qu’elles ont des choses à dire sur la société, sur la politique, sur la place des États-Unis dans le monde.
I. Deroide : Un genre qui a fait les frais de cette évolution, ce sont les « chroniques tendres » comme The Wonder Years, Doogie Howser, M.D. ou I’ll Fly Away qui ont toutes les trois pris fin en 1993. Ces exemples peuvent paraître mal choisis parce que sur ces trois séries, les deux premières viennent d’être rebootées mais dans les deux cas la notoriété des nouvelles versions est loin d’atteindre celles des originales. Je pense aussi à Northern Exposure (CBS, 1990-1995), même si elle est plus loufoque et poétique, ou aux séries d’Edward Zwick et Marshall Herskovitz comme Thirtysomething (ABC, 1987-1991). En gros, ces séries qui, pour reprendre l’expression de Martin Winckler dans Les Miroirs de la vie fonctionnaient comme des « miroirs à verre lent », auxquelles on pouvait reprocher d’être moralisatrices mais qui nouaient une relation particulière avec le spectateur.
G. Nicolas : Globalement, la chronique n’est plus à la mode. Quand on dit « chronique », on a l’impression qu’on ne raconte rien. Du côté du diffuseur, une plateforme qui produit une saison d’un coup avant de la mettre en ligne ne va pas se lancer spontanément dans ce genre. Et du côté du public, donner envie de s’attacher progressivement à un groupe de personnages, de suivre un rythme slow-burn sans twist ni cliffhanger, c’est difficile aujourd’hui car les spectateurs laissent moins leur chance aux séries. Quelques séries récentes ont quand même renouvelé ce genre. La plus connue, c’est This Is Us, qui a modernisé la chronique en mélangeant plusieurs époques. On peut aussi citer A million Little Things (ABC, 2018-2023) et Dear Edward (Apple TV+, depuis 2023). Dans ce dernier exemple, on voit que Jason Katims, le créateur, a pris soin de commencer par un événement déclencheur spectaculaire (un crash d’avion) pour ensuite adopter un rythme plus lent.
I. Deroide : Un autre plaisir de ce monde des networks ancienne formule, c’était la circulation des actrices, des acteurs voire des personnages d’une fiction à l’autre. C’est quelque chose qui existe encore mais qui était plus frappant dans les années 1990.
G. Nicolas : Il faut se souvenir qu’à l’époque, le vivier des acteurs de cinéma et celui des acteurs de séries étaient bien plus séparés. Pour une série, quand on cherchait un rôle ponctuel (le coupable dans une série policière, par exemple) ou un second rôle régulier, on allait toujours piocher dans le même réservoir, ce qui augmentait la probabilité de tomber sur un visage connu au détour d’un épisode.
I. Deroide : Et cela contribuait à renforcer le lien des spectateurs avec leurs séries.
G. Nicolas : En fait, c’est toute la vie des spectatrices et des spectateurs qui était davantage rythmée par les fictions hebdomadaires qui revenaient à horaire fixe. Ces histoires, ces acteurs familiers nous accompagnaient et nous visions grâce à eux, en parallèle de notre vie, une autre vie par procuration.
I. Deroide : C’est la disparition récente de Richard Belzer [en février 2023] qui m’ a fait repenser à cette dimension d’accompagnement des séries. Il a interprété le Detective John Munch dans Homicide à partir de 1993 et ensuite, on a retrouvé ce personnage de Munch dans un grand nombre de séries.
G. Nicolas : Munch, c’est un exemple extrême puisque c’est un même personnage qu’on retrouve dans dix séries diffusées sur cinq chaînes différentes: Law & Order: Special Victims Unit surtout mais aussi X-Files, The Wire, Arrested Development, 30 Rock… En tout, ses apparitions s’étendent une période de plus de vingt ans.
I. Deroide : Et donc Munch, par sa présence, lie entre elles de nombreuses séries et les rassemble, si l’on décide de suivre ce critère, dans un même univers fictionnel. Je crois que c’est le moment de parler de Timothy Westphall…
G. Nicolas : Cette théorie est à la fois absurde et géniale : tout commence dans la dernière scène du dernier épisode de la série médicale St. Elsewhere (NBC, 1982-1988) qui suggère que toute la série est en fait le produit de l’imagination d’un jeune garçon qui se situe dans le spectre de l’autisme.
I. Deroide : C’est le bon vieux « tout cela n’était qu’un rêve ».
G. Nicolas : Oui, sauf que dans ce cas le rêve est très étendu car au cours de son histoire St. Elsewhere a multiplié les relations avec d’autres séries: dans un épisode, les médecins vont boire un verre au Cheers (qui est à Boston, tout comme leur hôpital, St. Eligius), dans un autre, c’est Carla, de Cheers, qui accouche à St. Eligius. Donc si St. Elsewhere n’existe que dans l’esprit de Timothy Westphall, alors Cheers aussi. Et cela se complique encore car même après l’arrêt de St. Elsewhere, certains personnages ont continué d’apparaître en guest stars dans d’autres séries, comme Homicide par exemple.
I. Deroide : C’est ainsi que Munch entre dans l’univers de Timothy Westphall et contribue à lui seul à l’étendre considérablement. Tu parlais des échanges entre St. Elsewhere et Cheers. Ce genre de pratiques, jusqu’au crossover en bonne et due forme, était plus fréquent dans les années 1990.
G. Nicolas : Aujourd’hui, les crossovers sont limités à l’intérieur d’une franchise (NCIS, Chicago…) ou dans des univers limités et cohérents comme l’Arrowverse. Alors que dans les années 1990, on pouvait avoir des séries très différentes qui se rencontraient comme Profiler et The Pretender. Elles étaient diffusées sur la même chaîne dans le même bloc de programmes (la Thrillogy) mais elles n’appartenaient pas au même genre et n’étaient pas faites pour se rencontrer.
I. Deroide : Voilà qui nous ramène à la France parce que cette Thrillogy a été transposée par M6 sous le titre la Trilogie du samedi qui est vite devenue un rendez-vous apprécié des amateurs de séries. Et justement est-ce qu’on n’exagère pas l’importance de ce tournant de 1993 parce les séries de 1993 et des années suivantes ont beaucoup marqué le public français ? Je dis 1993 pour simplifier mais on voit bien que c’est une séquence un peu plus longue en fait. Urgences n’est pas arrivée sur France 2 avant l’été 1996, Friends seulement en 1997, et X-Files n’a été diffusée qu’à partir de 1994 en France, sous le titre Aux frontières du réel.
G. Nicolas : Et encore, au début la série passait sur M6 le dimanche à 19h, pas vraiment la case horaire appropriée pour des épisodes horrifiques comme « Tooms » ! Mais oui, le milieu des années 1990, en France, c’est la naissance d’une sériephilie. Moi-même, je suis né au début des années 80 et j’étais déjà sériephage quand je regardais les séries de « La Une est à vous » et celles qui passaient sur M6 mais c’est dans les années 90 que je suis devenu sériephile grâce à des séries qui ont eu droit à une meilleure diffusion et qui sont devenues des rendez-vous: X-Files, Urgences et aussi en effet les séries de la Trilogie du samedi. Et à travers ces séries, c’est tout un art que moi et d’autres avons découvert, grâce aussi à des médias comme Génération Séries. Aux Etats-Unis, où la culture séries était déjà installée et reconnue depuis longtemps, 1993 s’inscrit davantage dans une continuité. Comme je le disais, NYPD Blue et Homicide doivent beaucoup à Hill Street Blues (série des années 1980) et ont fortement influencé The Wire (série des années 2000), et le public américain a été conscient de ces parentés. Mais en France, 1993 est un vrai marqueur générationnel et représente un changement d’époque.
I. Deroide : Dernière question: parmi les séries oubliées de 1993, lesquelles conseillerais-tu de découvrir aujourd’hui ?
G. Nicolas : J’en citerai deux. La première, c’est The Adventures of Brisco County, Jr. (Fox, 1993-1994), une série en avance sur son temps (comme l’a été Profit un peu plus tard), qui mélangeait le western avec des éléments de SF et de steampunk, et qui avait des moments « méta ». Elle aurait pu être créée dans les années 2020. La deuxième c’est Lois & Clark (ABC, 1993-1997) qui est arrivée à un moment où les super-héros étaient beaucoup moins présents sur les écrans qu’aujourd’hui, et qui n’est pas du tout une série de super-héros classique, comme l’indique le titre.
I. Deroide : Le nom « Superman » apparaît quand même, mais seulement dans le sous-titre (The New Adventures of Superman) ce qui donne l’impression qu’il a été ajouté après pour quand même guider les téléspectateurs.
G. Nicolas : Ce titre, Lois & Clark, résume bien la série qui met le personnage de Lois Lane au premier plan, qui emprunte à la rom-com avec un jeu de « will they ? won’t they ? » pendant les deux premières saisons et qui ne refuse pas le soap.
I. Deroide : Remettre en lumière des séries un peu anciennes et parfois oubliées, c’est aussi la démarche qu’on retrouve dans plusieurs épisodes de ton podcast : C’est le moment.
G. Nicolas : Oui, parce que je crois que le travail des journalistes, c’est aussi d’inviter leurs lecteurs ou leurs auditeurs à aller découvrir des séries du patrimoine au fond des catalogues des plateformes auxquelles ils sont abonnés. C’est une démarche d’autant plus facile à assumer qu’aujourd’hui, même les critiques professionnels ne peuvent pas suivre toutes les nouvelles séries, qui sont trop nombreuses. Donc autant se libérer de cette course à l’actualité et faire une place à des créations moins récentes. Certaines sont facilement accessibles, comme NYPD Blue qui sur Disney+. Malheureusement, pour d’autres, c’est plus difficile: Homicide, comme d’autres séries de NBC de cette époque, n’est disponible sur aucune plateforme à ce jour.
Mise en ligne le 18 janvier 2024