The Dark Pictures Anthology, comme un écho de Night Gallery

Même sans être un observateur avisé, il est aisé de constater que l’industrie du jeu vidéo est friande de suites. La raison en est simple : créer des outils de productions, des logiciels, des modèles 3D, etc., et installer une IP (propriété intellectuelle) sur le marché impose des coûts de développement et de marketing gigantesques qu’il s’agit d’amortir dans le temps. Du fait de cette logique commerciale, les sagas prolifèrent et les héros de tous poils voient leurs aventures s’étirer au fil de trilogies, de spin-off ou de prequels. Les exemples sont légion, d’Assassin’s Creed (Ubisoft) à God of War (Santa Monica Studio). Néanmoins, dans cette inflation de jeux qui frôle parfois le clonage, certaines formes se distinguent et utilisent cette multiplication comme un atout leur offrant l’opportunité de donner corps à un projet plus ambitieux. Il en va ainsi de la franchise The Dark Pictures Anthology développée par le studio anglais Supermassive Games. La programmatique de la série est clairement annoncée dans son titre : constituer une anthologie d’horreur. L’approche peut paraître classique, mais elle est pourtant singulière dans une industrie qui n’est pas familière de la forme anthologique ­— au-delà de la simple compilation. Ce choix est d’autant plus surprenant qu’il résulte d’un emprunt à un autre média : la série, et plus précisément, la création du scénariste et producteur américain Rod SerlingThe Night Gallery (NBC, 1970-1973).

Rod Serling sur le plateau de The Night Gallery.

 

Galerie nocturne

L’influence de Twilight Zone (La quatrième dimension, 1959-1964) dans le jeu vidéo est indéniable. À titre d’exemple, le studio Remedy Entertainment, adepte de la weird fiction, revendique clairement son attachement à la série dans Alan Wake (2010) et Control (2019) — au point de réaliser des clips intitulés Night Spring diffusés sur des téléviseurs dans l’univers du jeu (Alan Wake), dont l’esthétique convoque directement celle du show de Serling. La franchise aura même son propre jeu en 1988 (Twilight Zone, Gigabit Systems). 

L’héritage de The Night Gallery reste plus discret. Imaginée par Rod Serling dans la lignée de sa Twilight Zone, The Night Gallery ne rencontre pas le même succès que son illustre ascendance. La série s’arrête après trois saisons et 46 épisodes, de 1970 à 1973 (le pilote est à l’antenne de NBC en 1969). Pourtant, The Night Gallery en reprend les éléments clefs et Serling emploie la même méthode : un format court, un ancrage fort dans l’imaginaire, des ressorts narratifs puissants. De prime abord, seul le passage à la couleur semble être le marqueur d’une évolution sensible entre les deux shows. Les ressemblances sont nombreuses et les écarts paraissent mineurs. Malgré tout, The Night Gallery n’est pas un décalque de la formule Twilight Zone. Première différence notable, la série se montre plus ambitieuse et plus versatile que son aînée quant à sa structuration. Chaque épisode s’étire sur environ 50 minutes et se divise en plusieurs récits plutôt qu’un unique récit par numéro. Certains, d’ailleurs, ne durent qu’une dizaine de minutes et s’apparentent à des sketchs (Pamela’s Voice, S1E5 ; Hell’s Bells S2E9). Comme dans la Twilight Zone, on retrouve un pool d’auteurs et de réalisateurs (dont Steven Spielberg) au service de récits relevant de l’étrange. Néanmoins, il ne s’agit plus ici d’histoires versant dans la science-fiction ou le weird. The Night Gallery reprend son exploration de l’imaginaire à la lisière d’une contrée où The Twilight Zone s’arrête : le fantastique et l’horreur.

 « Certain Shadows on the Wall », The Night Gallery (S1e3).

L’échec de Night Gallery se situe peut-être d’ailleurs dans ce pas de plus vers un terrain trop suggestif et inquiétant pour un large public. La série est prise entre plusieurs feux. D’un côté, elle se montre plus radicale dans ses thématiques que d’autres prétendants télévisuels dans le domaine de l’imaginaire, de The Addams Family (1964) à Star Trek (1966). Mais de l’autre, elle reste timide en raison de sa nature télévisuelle (dans le contexte de son époque) quant à sa dimension horrifique en regard des longs métrages qui lui sont contemporains : The Night of the Living Dead (La nuit des morts-vivants, Romero, 1968), L’Oiseau au plumage de Cristal (Argento, 1970) ou encore The Wicker Man (Hardy, 1973). 

Par ailleurs, qu’ils explorent les tropes de la science-fiction ou du weird, les épisodes de The Twilight Zone participent à la constitution d’un imaginaire collectif dont les fondements sont le quotidien de l’Amérique des années 1960. Ces récits contribuent à la construction fantasmatique d’une Amérique fictionnelle, de cet arrière-pays solitaire des diners, des motels et des bourgades perdues du Nevada ou du Maine, toujours en proie au surgissement de l’irrationnel, et qui inonde encore les écrans de cinéma et de télévision, les pages de romans et de comics. Sans l’ombre d’un doute, The Twilight Zone a dessiné durablement les contours d’un imaginaire inquiet et a préparé la venue d’œuvres comme Twin Peaks (1990) ou The X-Files (1993). Même si l’on y perçoit en filigrane les principes chers à Serling (humanisme, antimilitarisme, antiracisme) Night Gallery s’écarte du projet porté par The Twilight Zone et s’ouvre à des récits qui ne s’attachent pas tant à forger une Americana étrange qu’à se montrer universels. Comme l’indique clairement la première partie de son pilote (The Cemetery), la série s’ancre volontiers dans le gothique littéraire et filmique faisant d’ailleurs écho aux productions de la Hammer. De ce fait, la série tisse des liens avec des imaginaires plus anciens ou plus exotiques — ainsi que le montrent The Doll (S1E5) ou Clean Kills and Other Trophies (S1E4), épisodes à l’atmosphère britannique et coloniale. Ressort de la peur ou du malaise recherché par Serling, l’altérité devient exogène. Elle ne se loge plus uniquement dans le quotidien, la famille, le voisinage ou les institutions des États-Unis. Même quand elle offre des récits science-fictionnels (The Little Black Bag, S1E2) ou proche du thriller (Room with a View, S1E2), la série s’ouvre à d’autres horizons que rien ne semble directement connecter. Leur seul liant est leur goût commun pour l’obscurité nocturne et les horreurs qui y naissent.

 « Clean Kills and Other Trophies », The Night Gallery (S1e4).

 

La Grande Galerie

Ce qui fait lien dans The Night Gallery, c’est précisément l’absence de lien, c’est-à-dire le caractère anthologique de la série. Plutôt que de donner une unité à l’ensemble des épisodes, la série se présente comme une somme embrassant le très large éventail de l’horreur, à tout le moins de l’épouvante. Il est question d’une collection de thématiques, de tropes horrifiques, de ressorts narratifs, flirtant ainsi avec des genres connexes, frôlant parfois la parodie. Tales from the Crypt (Gaines, 1989), American Horror Story (Murphy, Falchuk, 2011) ou Guillermo del Toro’s Cabinet of Curiosities (del Toro, 2022) vont adopter cette même démarche par la suite, mais avec peut-être moins de latitude quant à la forme des récits déployés. Sur les trois saisons de The Night Gallery, Serling s’emploie à bâtir un laboratoire, une véritable galerie des horreurs — autre forme du cabinet de curiosités ou de la chambre des merveilles, lieux d’amoncellement, d’extravagance et de fascination. La forme anthologique permet de renouer avec la versatilité et la créativité des publications pulp d’horreur et de weird menace à l’instar de Weird Tales ou Terror Tales qui profitaient de la grande diversité des auteurs pour explorer d’innombrables terrains spéculatifs — au gré des tendances propres au genre. 

Comme le fera del Toro après lui, Serling donne littéralement corps aux récits à travers la présentation de peintures faisant écho au titre même de la série. Si le titre « Twilight zone » convoque avant tout un imaginaire crépusculaire et abstrait, « The Night Gallery » définit le dispositif même qui légitime le caractère anthologique de la série. Une fois de plus, à la manière d’Hitchcock pour Alfred Hitchcock Presents (1955), Serling reprend son rôle de Monsieur Loyal. Avant chaque épisode, il nous présente les enjeux de l’histoire à venir en se tenant devant une toile évocatrice, au milieu d’un espace fantomatique et vespéral. La grande galerie de Serling se présente comme une matrice à même de générer tous les récits d’horreur. C’est précisément ce dispositif permettant de faire advenir des récits variés, mais liés par une même texture horrifique, qui est au cœur de la série de jeux vidéo The Dark Pictures Anthology.

The Dark Pictures Anthology, Supermassive Games, Extrait du générique d’introduction de chaque épisode.

 

D’une anthologie à l’autre

Jusqu’à la création d’Until Dawn en 2015 pour le compte de Sony Computer Entertainment, Supermassive Games n’avait pas d’identité propre en tant que studio. Mais à la suite du large succès du jeu, toute sa production va s’orienter vers l’horreur, sans pour autant se conformer aux attendus ludiques propres au genre. En effet, Until Dawn se présente comme un jeu narratif à embranchements multiples dans la veine des jeux vidéo du studio français Quantic Dream (Heavy Rain, 2010 ; Detroit: Become Human, 2018). La pratique ludique se limite à des interactions simples et des prises de décision à réaliser le plus souvent dans l’urgence, ce qui convient parfaitement à la tenue d’une expérience horrifique faisant du stress un de ses moteurs premiers.

Until Dawn, Supermassive Games, 2015. Séquence de choix déterminant les embranchements scénaristiques à suivre.

Le jeu est à appréhender en tant que « cinéma interactif », c’est-à-dire « fictio[n] actabl[e], laiss[ant] donc la liberté au spectateur de faire des choix qui impacteraient potentiellement le destin des personnages », comme le note José-Louis de Miras. Pour ce faire, Until Dawn adopte les codes du sous-genre de la teen horror ­­— et emprunte au slasher. Le jeu déploie une galerie de jeunes personnages dont les préoccupations post-adolescentes vont les conduire à prendre des risques inconsidérés, sur fond d’angoisses, de culpabilité et de sexualité. 

Supermassive Games garde ce schéma par la suite, en témoigne The Quarry (2022) qui adapte la recette et partage les mêmes influences : Scream (Craven 1997), I Know What You Did Last Summer (Gillespie, 1997), The Cabin in the Woods (Goddard, 2012), etc. Cet ancrage cinématographique est d’autant plus affirmé que le studio fait appel à des acteurs reconnus ou en devenir pour donner vie à ses personnages. Recourant aux techniques de motion capture et performance capture, Supermassive Games s’offre un casting (numérisé) donnant un lustre hollywoodien à ses productions. Hayden Panettiere, Peter Stormare, Rami Malek, Justice Smith, Lance Henriksen ou encore Ted Raimi sont à l’affiche et prêtent leur apparence et leur voix à Supermassive Games.

Until Dawn, Supermassive Games, 2015.

L’élément le plus singulier de la grammaire ludique employée par le studio est la fracturation du récit en de nombreux points de vue en proposant de prendre en main tour à tour les différents personnages. Un même chapitre est l’occasion de suivre le fil des aventures de plusieurs individus, et par le jeu de la construction du récit, de découvrir de multiples versions d’un évènement ou, à l’inverse, d’être temporairement écarté de l’histoire en cours. La césure devient alors un point de tension, à la manière d’un cliffhanger, la lacune, un élément conférant mystère et densité au récit. Le jeu est organisé par cette dynamique de fracturation et de raccordements, redoublant ainsi les scansions opérées par le chapitrage du jeu. Until Dawn et The Quarry répondent à cette même logique et il n’en va pas autrement pour les jeux de la Dark Picture Anthology.

Dans The Dark Picture Anthology s’affirme à nouveau la volonté du studio de donner une dimension intermédiale à leurs jeux. La recette à l’œuvre dans Until Dawn est reprise telle quelle : procédés d’écriture et de mise en scène, distribution d’ensemble, citations et casting de stars (Shawn Ashmore, Will Poulter, Ashley Tisdale, Jessie Buckley, etc.). En outre, à la manière d’une série télévisuelle, la saga s’organise en saisons et revendique son caractère sériel. Le fait n’est pas unique, d’autres jeux ont adopté cette approche, à l’instar de The Walking Dead (Telltale Games, 2012-2013) qui mettra en vente les chapitres du jeu par épisode au rythme de leur production. Néanmoins, et comme son titre l’indique, The Dark Pictures Anthology tire son originalité de sa forme anthologique. Certes, des collections de jeux vidéo comme Haunted PS1 (2020) regroupant des créations très variées relevant de l’horreur ou les jeux du développeur Octavi Navarro (Midnight Scenes, 2020) s’aventurent également sur le terrain singulier du florilège, qui, fondamentalement, convient parfaitement au domaine de l’horreur — du fait de son héritage littéraire, des contes à la nouvelle. Mais la série de Supermassive Games se distingue par son ambition. Il ne s’agit pas ici de chapitres d’un même jeu dont la publication est étalée dans le temps ni de projets modestes, mais bien de jeux différents d’une durée assez conséquente et à la réalisation exigeante. La Saison 1 de The Dark Picture Anthology prend la forme de quatre jeux parus entre 2019 et 2022 : Man of Medan, Little Hope, House of Ashes, The Devil in Me.

The Dark Pictures Anthology: Little Hope, Supermassive Games, 2020. Extrait de séquence cinématique résultant d’une suite de choix.

 

Galerie des horreurs

The Dark Pictures Anthology propose un cadre fixe dans lequel raconter diverses histoires. Pour ce faire, Supermassive Games s’approprie la matrice développée par Serling : un lieu, un présentateur, des objets servant d’incitation au récit. En outre, le casting est partagé entre les jeux, certains acteurs et actrices apparaissent dans différents épisodes afin d’occuper des fonctions plus ou moins importantes. En cela, la forme anthologique instaurée par The Night Gallery (mais aussi The Twilight Zone) est également reconduite. Ici, Serling laisse sa place au « Conservateur », un narrateur énigmatique qui annonce la teneur des histoires et intervient au fil des jeux pour faire un bilan des choix effectués, à la manière du Dr. Hill, psychiatre dont les tests ponctuent l’action dans Until Dawn (interprété par Peter Stormare). Le Conservateur se tient dans une bibliothèque regroupant des volumes correspondant à chaque récit de la série, à l’instar des œuvres d’art de The Night Gallery. Pour appuyer encore plus la révérence à Serling, le générique d’introduction de chaque jeu — semblable à celui d’une série — montre le Conservateur arpenter les couloirs d’un espace indéterminé mais foncièrement gothique dont les murs sont recouverts d’une multitude de tableaux exhibant des images crépusculaires et morbides, quand il ne s’agit pas de renvois directs aux jeux de la franchise.

The Dark Pictures Anthology, le conservateur.

Ce dispositif permet au développeur de laisser libre cours à leur imagination et d’explorer divers tropes du genre horrifique. Man of Medan convoque celui du bateau fantôme, Little Hope de la chasse aux sorcières, House of Ashes des démons antiques et The Devil in Me des tueurs en série. Cependant, le projet est plus complexe qu’il n’y paraît. Ainsi, Man of Medan réactive la légende du Hollandais volant (comme le fait l’épisode Lone Survivor S1E5) à travers la réapparition mystérieuse d’un navire militaire de la Seconde Guerre mondiale (on pense également à l’épisode Død Kalm des X-Files, S2E19). La trame du jeu va lier à cette intrigue première d’autres ficelles narratives. Avant même de mettre le pied sur le bateau à la dérive — inspiré directement de la légende du SS Ourang Medan disparu en mer vers 1947 —, joueurs et joueuses sont confrontés à un scénario de home (boat) invasion et de prise d’otage par des pirates. Mais ce n’est pas tout, l’histoire va s’enrichir de légendes relatives à un trésor maudit et faire la part belle aux revenants. Et il en va de même pour les autres épisodes. Conscient de la forme employée, Supermassive Games va pousser au plus loin l’art de l’analecte, en collectionnant et compilant les récits, tissant ainsi un texte particulièrement dense.

The Dark Pictures Anthology: Man of Medan, Supermassive Games, 2019.


Little Hope
explore l’histoire des premiers colons américains pour développer une histoire de revenance (convoquant des changements de temporalité rappelant They’re tearing down Tim’s Riley’s Bar, S1e6), de monstres matérialisant la culpabilité et de ville oubliée dans la brume, sur le modèle de la bourgade de Silent Hill (Konami, 1999). Y planent également les ombres de The Blair Witch Project (Myrick, Sánchez, 1995) et de The Witch (Eggers, 2015).

The Dark Pictures Anthology: Little Hope, Supermassive Games, 2020.


House of Ashes
est sans doute la proposition la plus surprenante. Cet épisode invite à suivre, lors de la première guerre du Golfe (1990-1991), une expédition militaire qui va être confrontée à des créatures antiques vivant dans les profondeur su sol irakien. De là, va se greffer un large éventail de représentations allant du vampire à l’alien. La trame du jeu donne la sensation de basculer d’imaginaire en imaginaire, mêlant The Exorcist (Friedkin, 1973) et son iconographie assyrienne (le démon Pazuzu), à Indiana Jones and the Temple of Doom (Spielberg, 1984), à Dracula (Coppola, 1992), à Alien et Prometheus (Scott, 1979, 2012).

The Dark Pictures Anthology: House of Ashes, Supermassive Games, 2021.

Enfin, The Devil in Me qui conclut la saison 1 de l’Anthologie, offre de se frotter au mythe des tueurs en série en remontant à la source historique du phénomène. The Devil in Me s’inspire de l’histoire vraie de H. H. Holmes (1860-1896), premier tueur en série des États-Unis et propose d’explorer son « Château des meurtres » au rythme de rencontres macabres évoquant Death in the Family (S2E2). À cet aspect true crime, le jeu mêle huis clos et torture porn, convoquant tour à tour Saw (Wan, 2004) et Friday The 13th (Cunningham, 1980) ou encore Psycho (Hitchcock, 1960).

The Dark Pictures Anthology: The Devil in Me, Supermassive Games, 2022.

 

Hyper-galerie

La franchise The Dark Picture Anthology est pensée comme une galerie des horreurs dont la très forte intertextualité conduit à une forme véritablement singulière, une créature de Frankenstein narrative. Chaque épisode renvoie au modèle de The Night Gallery et répond à une structure fixe qui n’est que très légèrement ajustée dans le temps. En dehors de quelques modifications dans l’interface des jeux et de quelques ajouts dans la jouabilité (à l’instar des la possibilité de gérer un inventaire minimal dans The Devil in Me), rien ne vient perturber cette recette au fil de la Saison 1. Mais au-delà de cette formule empruntée à Serling, la série ne se cantonne pas à tisser, coup par coup, des histoires d’horreurs distinctes. L’exercice de style auquel se livre Supermassive Games n’est pas tant anthologique qu’hyper-anthologique. En effet, chaque jeu au sein de cette anthologie est une anthologie en tant que telle, il condense des imaginaires à travers des récits qui sont eux-mêmes pluriels du fait du caractère interactif et arborescent des scénarios. Tout, dans le dispositif de jeu, concourt à cette mise en forme fragmentaire, à ce patchwork prodigieux. Conscient de ce tour de force, Supermassive Games offre en guise de célébration de sa franchise une expérience en Réalité Virtuelle aux airs de fête foraine : The Dark Pictures: Switchback VR. Reprenant l’aspect train fantôme de sa précédente proposition VR (Until Dawn: Rush of Blood) Supermassive Games condense les univers des quatre épisodes en un terrain de jeu festif dédié à l’exercice du tir, à la manière d’un stand de tir au pigeon VR. Aussi décousue soit-elle sur le plan scénaristique — qui n’a ici que peu d’intérêt —, cette mise en abyme vient boucler le processus d’analecte engagé par The Dark Pictures Anthology. Pour autant, la galerie des horreurs ne ferme pas encore ses portes. La Saison 2 annoncée pour 2023 semble s’ouvrir à d’autres tropes horrifiques. Directive 8020 nous conduira cet automne dans le vide glacial de la space horror, certainement pour nous détourner ensuite vers de nouveaux lieux d’épouvante.

14/03/2023

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